étude de cas – La dérivation https://xn--drivation-b4a.fr Éducation populaire & enjeux numériques Wed, 08 Sep 2021 13:30:45 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.4.5 https://xn--drivation-b4a.fr/wp-content/uploads/2021/01/cropped-favicon-32x32.png étude de cas – La dérivation https://xn--drivation-b4a.fr 32 32 Étude de cas : poser les jalons pour une mobilisation commune https://xn--drivation-b4a.fr/etude-de-cas-poser-les-jalons-d-une-mobilisation-commune/ Wed, 08 Sep 2021 13:30:43 +0000 https://xn--drivation-b4a.fr/?p=1219 Poursuivre la lecture Étude de cas : poser les jalons pour une mobilisation commune]]> Préparer nos animations nous prend du temps et de l’énergie. Cela se voit parfois lorsqu’on les vit, mais une bonne partie des réflexions restent invisibles, tant elles se traduisent par le choix d’une forme de discussion plutôt qu’une autre, d’un mot dans les consignes, voire de l’attention aux positionnements dans l’espace.

Durant l’été 2021, nous avons été sollicité⋅es pour proposer une animation sur une après-midi avec comme objectif : poser les jalons pour une mobilisation commune. Pour cette fois, nous avons tenté de donner à voir nos raisonnements et leurs conclusions. Nous partageons ce document pour visibiliser nos modes de pensées, jusque dans les détails qu’il nous semble importants à prendre en compte, pour mener à bien des espaces de réflexions plus justes et égalitaires.

Déroulé pour un atelier de 2h30

État des lieux

On sera après le déjeuner. Il faut une reprise un peu dynamique. Ce n’est pas sûr que les participant·es aient eu l’occasion de se rencontrer le matin. Il y a au moins trois langues différentes parlé⋅es par les participant⋅es, et donc de l’interprétation à prendre en compte.

Étape 1 : Pourquoi construire une mobilisation commune ? (40 minutes)

Contexte

Construire une mobilisation commune, soit, mais pour quoi faire ? De part nos habitudes militantes et la logique inhérente des organisations où on travaille, on a parfois tendance à dégainer des stratégies avant de réfléchir à ce qu’on aimerait qu’elles produisent. Alors, avant de se lancer, prenons le temps de penser en terme d’objectifs.

En général, la stratégie va désigner la façon de penser la mobilisation de ressources et d’actions afin d’atteindre un objectif global, souvent à moyen ou long terme, tandis que la tactique renvoie à des enjeux plus délimités dans le temps, plus restreints. La comparaison la plus fréquente, c’est la différence entre chercher à gagner une guerre, et chercher à remporter une bataille.

— La nébuleuse, Ne plus se cacher derrière la « complémentarité des tactiques »

Les problèmes à résoudre ont dû à ce stade avoir été entendus pendant les temps de partage de la matinée. Plutôt que de réfléchir depuis rien, nous allons prendre comme point de départ les problèmes qui flotteront dans les têtes et les réflexes mentionnés plus haut.

Objectifs

  • Prendre le temps de s’assurer ou se rappeler les raisons pour une mobilisation commune.
  • Faire ressortir des objectifs atteignables pour former des groupes de travail pour la suite de l’atelier.
  • Créer du lien au sein du groupe.
  • S’échauffer intellectuellement pour le travail à venir.

Déroulé

  • T+000 – accueil de l’après-midi
  • T+005 – interviews mutuelles par 3
  • T+020 – affichage et tri
  • T+030 – sélection des objectifs atteignables
  • T+035 – constitution des groupes de travail

Stratégie

Sur le fond

En se demandant « pourquoi ? » plusieurs fois à partir d’un problème ou d’une stratégie, on remonte nécessairement vers des objectifs de plus en plus généraux. En faisant suffisamment longtemps l’exercice, on remonte à une réponse type « pour un monde plus juste ». Ça paraît creux, mais c’est important de se rappeler que c’est pour ça qu’on est là, de prendre du recul, de remettre du sens dans nos actions.

Cette première étape tient plutôt de l’inventaire. Plus le groupe émet d’objectifs, mieux c’est. La sélection se fera ensuite par l’ensemble du groupe sur le critère « Est-ce que c’est un objectif atteignable ? » autrement dit « Si on se mobilisait au mieux, on devrait pouvoir réaliser cet objectif ».

Les groupes de travail émergeront ensuite depuis cette première sélection en se reposant sur les envies des participant·es les plus motivé·es. Il y aura nécessairement plus d’objectifs que d’énergie militante disponible, autant donc se reposer sur des personnes motrices et profiter de leur élan. On ne pourra pas tout faire et c’est toujours ainsi.

Sur la forme

Des groupes de 3 permettent une écoute de qualité : une personne parle, une écoute et relance, la troisième écoute et prend en note.

Diviser un groupe de plusieurs dizaines de personnes de cette façon permet également aux plus timides de se sentir à l’aise pour s’exprimer, et aux plus aguerri⋅es de laisser la place aux voix moins connues. Les logiques de pouvoirs intrinsèques à chaque groupe sont aplanies.

L’affichage en grand groupe permet de tisser des liens basés sur la reconnaissance des idées, et de renforcer la confiance et la force du groupe, notamment par la mise en lumière des idées communes. Il permet également la valorisation individuelle pour des idées qui sortent du cadre habituel et génèrent de la surprise et de l’enthousiasme.

Les post-its sont à utiliser sur le principe : une idée, un post-it. La taille du support permet d’éviter de très longues explications détaillées et favorise la concision. Si des nuances doivent être apportées, cela se fera dans les discussions qui suivront.

L’utilisation de post-it facilite la restitution en permettant à chaque groupe un affichage rapide, puis de pouvoir sélectionner par la suite certaines réponses en déplaçant les post-its d’une partie du mur à une autre.

Le micro est utile surtout pour les groupes de plus de 20 personnes, ou dans une salle avec une mauvaise acoustique. Il permet également aux personnes n’ayant pas l’habitude de projeter leur voix d’être entendues de tout le monde, en particulier des personnes chargées de l’interprétation.

Étape 2 : Passage du pourquoi au comment (1h)

Contexte

On vient d’inventorier des objectifs atteignables. Puis de trouver des personnes prêtes à porter une discussion sur certains de ces objectifs. Le but désormais est de réfléchir aux stratégies à mettre en œuvre pour atteindre l’objectif en question.

Nous avons malheureusement tendance à sauter des étapes lorsque nous cherchons des solutions aux problèmes qui nous sont posés. Structurer un processus de réflexion permet de s’assurer que les stratégies imaginées correspondent bien à l’objectif à atteindre.

Objectifs

  • permettre une analyse exhaustive de la situation
  • permettre une approche sous d’autres angles que les réflexes habituels
  • confronter les points de vue
  • rationaliser les situations
  • lister des pistes de solutions / des stratégies de mobilisation communes
  • créer du lien au sein du groupe

Déroulé

  • T+040 – Travail en groupe sur les chantiers : explication de la consigne
  • T+045 – travail en groupe sur les chantiers : les faits
  • T+055 – travail en groupe sur les chantiers : les problèmes
  • T+070 – travail en groupe sur les chantiers : les explications
  • T+085 – travail en groupe sur les chantiers : les solutions

Stratégie

Sur le fond

Les chantiers, inspirés de l’entraînement mental, permettent une approche systématique des problèmes rencontrés et fournissent des outils de réflexion critique. Ils s’appuient sur la logique, sans pour autant mettre de côté les émotions liées à un sujet donné.

Schématiquement la réflexion se structure selon ce cheminement : Quels sont les faits ? → Quels sont les problèmes ? → Quelles sont les causes de ces problèmes, les explications ? → Quelles sont les solutions ?

L’entraînement mental favorise aussi les pas de côté et l’émergence de propositions créatives.

Encourager une approche « diversité des tactiques », afin de ne pas tomber dans des affrontements stériles sur la pertinence de l’une ou l’autre proposition. Beaucoup de tactiques ont tendance à se compléter plutôt qu’à s’exclure mutuellement.

Sur la forme

Circonscrire dans le temps les différentes phases du chantier permet de se concentrer sur chaque aspect sans se laisser entraîner dans les réflexes de résolution de problèmes habituels.

Fournir des feuilles de paperboard avec une trame déjà écrite permet de gagner du temps et de structurer les discussions au sein des groupes, grâce à un rappel visuel de ce qui est attendu des participant⋅es.

Fournir une liste des opérations mentales (définir, situer, trier…) à réaliser dans la discussion, sous forme d’aide-mémoire, permet au groupe de ne pas s’éparpiller et d’avoir des références rapides pour continuer la réflexion efficacement et ne rien oublier.

Étape 3 : Inventaire de solutions (25 min)

Contexte

À partir d’objectifs considérés comme atteignables, des stratégies de mobilisation auront émergé en groupe de travail dans la phase précédente. Il est maintenant temps de partager ces stratégies à l’ensemble des participant·es. Certains objectifs nécessiteront sûrement de mobiliser une même stratégie. L’occasion se présente de s’appuyer sur les réseaux déjà existants — ou d’en inventer de nouveau — pour les mettre en œuvre.

Objectifs

  • Constater le travail accompli
  • Repérer les solutions proches ou identiques
  • Distinguer les différents aspects d’une même solution
  • Identifier des acteur⋅ices utiles

Déroulé

  • T+100 – affichage et explication de la consigne
  • T+105 – présentations

Stratégie

Afficher les tableaux produits par chaque groupe permet à tous⋅tes les participant⋅es de prendre connaissance en un coup d’œil de l’essentiel des réflexions qui ont eu lieu. Il est aussi possible d’y revenir plus tard, pour préciser ou se remémorer quelque chose.

Minuter la prise de parole permet d’aller à l’essentiel et de ne pas risquer d’endormir le reste du groupe. Les personnes intéressées par des détails pourront toujours reposer des questions plus tard, lors de la dernière étape.

Étape 4 – Remerciements et prochaines étapes (25 min)

Contexte

Maintenant que des stratégies ont été identifiées, se pose la question de leur mise en œuvre concrète. Délimiter les premières étapes se fait difficilement à trop nombreux·ses, d’autant que la journée aura déjà été longue, particulièrement pour les personnes ayant le plus besoin d’interprétation. Mieux vaut ne pas prolonger davantage la journée pour les plus fatigué·es.

Après un bref temps de clôture et de célébration, on permet donc à des référent·es de se désigner autour des solutions mentionnées. Leur rôle est de réfléchir aux premières étapes de mise en place, au prolongement ou à des moyens de passer des informations. Les personnes qui souhaitent travailler sur la même chose rejoindront cette personne une fois le cercle rompu.

Objectifs

  • Remercier les participant·es pour leur temps et leurs efforts.
  • Permettre aux participant⋅es qui le souhaitent de quitter le module
  • Lancer le travail sur les prochaines étapes
  • Échanger des informations, se regrouper

Déroulé

  • T+125 – remerciements
  • T+130 – travail informel en groupe
  • T+145 – fin

Stratégies

Sur le fond

Permettre un temps de travail informel, sans consigne particulière, permet aux plus motivé⋅es de donner libre cours à leur créativité. Les plus fatiguée⋅es peuvent aller souffler sans culpabilité puisque le temps de travail a officiellement été clôt.

Fournir des questions guides pour ce dernier temps peut aider à canaliser les dernières réflexions : Quel est le 1er objectif atteignable ? Mon 1er acte ? Quand ? Où ? Avec qui ? Comment ? Qui sont mes allié·es ? Quels sont les freins, les leviers ? Quelles sont mes ressources ? Qu’est-ce qui existe déjà ou comment pourrais-je le savoir ?

Sur la forme

Pour finir un temps de travail collectif, se mettre en cercle permet à chacun·e de se voir et de se sentir faire partie d’un ensemble, surtout après avoir travaillé en petits groupes.

Ralentir le rythme de l’animation pendant ce cercle laisse la possibilité pour chacun·e de valoriser intérieurement les efforts et le travail accompli et de ressentir la gratitude de l’implication des autres participant·es.

Plutôt que de sélectionner directement les participant·es ou d’imposer de poursuivre les réflexions avec tout le groupe, rendre ce dernier temps optionnel permet de privilégier les personnes qui ont déjà eu des idées lors des phases précédentes ou qui ont encore l’énergie pour y réfléchir.


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