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Lettre d’informations

octobre 2022

Un compte-rendu

On vous l'a annoncé dans la dernière lettre, il est arrivé depuis : le compte-rendu de la journée de rencontre Blue Hats « Mutualisons ! » que nous avons animée en juillet (PDF de 7,5 Mo).

Une lecture

On compte beaucoup sur la science-fiction et les dystopies en particulier pour explorer notre rapport au numérique et comment il peut nous enfermer.
La littérature de genre est prolixe sur les questions de surveillance et, vue la situation actuelle, on se demande si ces histoires ne servent pas d'inspiration pour le réel. On pourrait se laisser aller à imaginer que c'est la seule littérature en capacité de penser ces questions par la fiction, de façon politique (quel que soit le bord concerné).
Et puis on lit Cher connard de Virginie Despentes, qui raconte les échanges entre une actrice cinquantenaire féministe et un écrivain de la même génération au centre d'un scandale "#MeToo". Pas du tout de la science-fiction, donc, et pas tant de réflexion sur l'impact du numérique, à part peut-être, en creux, sur le cyberharcèlement.
Au détour d'un chapitre pourtant, en quelques paragraphes, Despentes livre un récit très simple et très juste d'une réservation SNCF et de l'humiliation qu'elle entraîne pour les humain⋅es, de l'usager qui achète son billet, au contrôleur, en passant par les guichetières tentant d'apprivoiser la machine. Pas toujours besoin de néologismes compliqués pour faire passer le message, parfois il suffit de partir de l'humain.
Un peu comme l'éducation populaire, finalement.
« Elles sont aimables, elles ne paraissent pas surprises – la machine est exigeante, elles passent leurs journées à tenter de l'amadouer - à essayer d'être à la hauteur et ne pas y arriver fait visiblement partie des risques de l'entreprise. […] Un homme débonnaire se joint au groupe des femmes et donne son avis - sa masculinité n'impressionne pas la machine, qui persiste à griser les zones concernées. […]
Nos humanités, jusqu'alors, étaient réduites à leur valeur économique – comment créer des besoins, comment écouler des stocks de marchandises inutiles, comment sacrifier tout notre temps à cette spirale de profit. L'humiliation de l'humain devant la machine, c'est l'étape suivante. »
La couverture du livre Cher Connard, de Virginie Despentes, aux éditions Grasset.

Une analyse

De nombreuses petites structures associatives se retrouvent avec un·e « geek de service » qui s’occupe de tout ce qui concerne les outils numériques de la structure. Le numérique prend sans cesse plus de place dans nos activités, ce qui entraîne donc toujours plus de missions pour celle ou celui « qui s’y connaît ».
Particulièrement dans un cadre salarié, être seul·e pour tout gérer peut vite devenir impossible. Par la quantité, mais aussi parce que l’état mental nécessaire aux différentes tâches est souvent incompatible.
À l'occasion d'un audit pour une association, Lunar a été amené à expliciter différents aspects du travail de mise en place et de maintenance des outils numérique. Nous avions envie de partager cette grille de lecture qui nous semble utile – même pour de petites structures qui n’ont pas la capacité de mettre en place des équipes distinctes – afin de penser une organisation du travail plus tenable.
La production de services Internet se fait habituellement à partir de trois pôles : le développement, l’opérationnel et le support.

L’opérationnel veille au fonctionnement du service. Au cœur se trouvent les tâches d’administration système et réseau. Au quotidien, ce sont des activités de surveillance, de prévention, d’optimisation. La maintenance des systèmes doit être planifiée pour déstabiliser le moins possible les services. Les activités routinières se font mieux en suivant méticuleusement des checklists prévues à l’avance. Mais lorsqu’un problème survient, il faut pouvoir se mobiliser et agir rapidement pour régler les soucis.

Le support vient en aide aux usager·es du service. Cela veut dire être disponible pour répondre à leurs demandes et comprendre la nature des problèmes. Le support peut prévenir l’opérationnel de problèmes de fonctionnement et le développement de fonctionnalités manquantes ou inadaptées. L’expertise acquise au fur et à mesure des demandes permet d’écrire et d’affiner la documentation interne et celle pour les usager·es.

Temps de veille et de formation mis à part, chacun de ces pôles a besoin d’un état d’esprit bien différent. Le développement nécessite de pouvoir explorer et se concentrer. L’opérationnel nécessite une surveillance attentive et la capacité à réagir dans l’urgence. Le support nécessite d’être disponible et à l’écoute.

Ces états d’esprit sont, quelque part, incompatibles : difficile de se concentrer quand on est facilement interrompu·e, difficile d’être attentif·ve à toutes les étapes d’une checklist quand un algorithme nous résiste, difficile d’être à l’écoute quand il faut réparer d’urgence un service en panne…

Un atelier

Nous avons de nouveau animé l'atelier Joie militante – De la nécessité d'apprendre à merder, réparer, recommencer, ce qui nous a permis de confirmer que son format de 3h30 fonctionne bien pour des groupes d'une douzaine de personnes.
Nous l'avons axé sur des chantiers d'analyse de situations insatisfaisantes, dans une optique de transformation de ladite situation. Le temps court ne permet qu'un survol d'une méthode qui devrait prendre plusieurs journées, mais des premières pistes émergent assez rapidement des échanges.
Si un tel accompagnement vous intéresse, contactez-nous !

Une annonce

Nous serons aux Utopiales, le festival international de science-fiction à Nantes, du 29 octobre au 2 novembre, et tout particulièrement le dimanche 30 octobre pour l'animation d'un atelier d'imaginaire géant avec les ateliers de l'antemonde.
C'est un pas de côté par rapport à la Dérivation, mais nous serions content⋅es de vous y voir !
On vous revoit très vite pour la newsletter de novembre 🍂
Mélissa et Lunar
La Dérivation
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